Interview de Swami Suddhananda

le maître yogi Swami Suddhananda "Le bonheur, ça s'apprend" Depuis hier et pendant une semaine, 250 stagiaires s'adonnent aux joies du yoga à Bitche. Rencontre avec l'un de leur professeur, Swami Suddhananda. Cet Indien qui respire le bonheur nous livre les secrets de son bien-être.

Le stage que vous animez est complet depuis le mois de janvier. Comment expliquez-vous l'engouement suscité par le yoga en France ?

Swami Suddhananda: "On le doit essentiellement à un homme, Mahesh. Originaire d'Inde du Sud, il a fait beaucoup pour la culture indienne et il a été le premier en France à structurer des organismes d'enseignement du yoga".

On dit souvent que les Français sont moroses. Est-ce pour cette raison que de plus en plus d'entre eux se réfugient dans cette pratique ?

"Je n'ai pas l'impression que les Français sont tristes, bien au contraire. Par contre, ils n'ont peut-être pas appris à être heureux. Le bonheur, c'est comme marcher, s'habiller, manger. Ça s'apprend. Le problème, c'est que les gens veulent contrôler la vie des autres avant de s'occuper de la leur. C'est pour ça qu'ils sont malheureux. Avant d'être en harmonie avec les autres, il faut l'être avec soi-même".

En quoi le yoga peut-il leur permettre d'entrevoir ce bien-être ?

"Tous les gens sont à la recherche du bonheur que ce soit au travers de Dieu, de l'argent ou des sensations. Ils doivent pourtant comprendre que ce n'est pas à l'extérieur que celui-ci se cache mais au plus profond d'eux-mêmes. Le yoga les aide à mieux se connaître, à découvrir leur propre nature. L'objectif est de leur faire prendre conscience de cela, de leur permettre d'aller plus loin au niveau de leur introspection. Nous sommes là pour leur montrer la voie".

Pourquoi cette recherche sur soi-même passe-t-elle obligatoirement par des exercices corporels ?

"Le corps est un instrument qui permet d'atteindre la compréhension. Il faut en prendre soin, le maintenir propre et éviter de le détruire par de l'alcool, de la drogue ou en ingurgitant trop d'aliments. La plupart des adeptes font le choix de travailler le physique pour atteindre le mental. C'est comme un voyage. On démarre toujours du point où on se trouve et non de l'endroit où on veut aller".

Vous êtes rayonnant de bonheur. Quel est votre secret ?

"Tout a changé le jour où j'ai vraiment compris qui j'étais. C'est venu comme un déclic. Depuis, tout ce qui m'entoure n'est plus pour moi que beauté et bonheur. Je ne vois plus la vie comme une malédiction et je ne considère plus la mort ou la maladie de la même manière".

Cette révélation est-elle accessible à tous ?

"Tout le monde à cette connaissance en soi mais il faut savoir la faire jaillir. C'est le fruit d'un long travail qui nécessite beaucoup d'études, de contemplations et de réflexions sur soi-même. C'est comme Newton et la gravité. S'il a trouvé la solution quand la pomme est tombée, c'est parce qu'il avait pensé à tout cela avant".


Propos recueillis par Philippe MARQUE.

Paru le : 23-07-2006 dans le Républicain Lorrain